REMEMBER OÏKOS
juillet 2017
PROGRAMME Concours Europan 17
MAITRE D’OUVRAGE Ville de Bègles, Bordeaux Métropole, Coliposte, Papeterie de Bègles
LOCALISATION Bègles [33]
Penser la ville productive c’est tenir compte des ressources naturelles et humaines mobilisées. Ethymologiquement à l’origine des mots écologie et économie, l’oïkos, dans la Grèce Antique, définit l’ensemble des biens et des hommes rattachés à un même lieu d’habitation et de production. Des rapports sociaux s’y tissent et créent des liens à travers une société d’échanges. L’activité s’exerce dans la maison, un local attenant, à l’extérieur ou bien dans des ateliers temporaires ou mobiles. L’oïkos c’est à la fois le lieu et l’action : l’habitat et les échanges qui fondent le regroupement social.
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restituer de la surface au sol en verticalisant les espacesde stockage
Les activités industrielles du site investissent une grande partie de leur surface à l’usage du stockage. Malgré le caractère éphémère des éléments stockés, le cycle continu de production induit une fonction unique à ces espaces. La logistique d’accès/retrait des stocks nécessite des allées de circulation de moyenne et grande dimensions. Densifier verticalement le stockage c’est relier les 2 sites en mutualisant leurs accès et échanges entre coliposte et papeterie. Les circulations deviennent des monte-charge. Il s’agit de 2 tours de stockage avec une faible emprise au sol et dans des proportions urbaines permettant la cohabitation habitat/industrie. Restituer des espaces disponibles au plus près des entrepôts industriels pour désenclaver ces immenses parcelles qui mettent à distance l’habitat et la mixité en général.
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garantir des surfaces nonimperméabilisées
Une zone inondable à proximité de la Garonne : la quantité de surfaces consacrées au stationnement et aux stockage, fait apparaître en négatif, les surfaces restantes nonimperméabilisées. La construction au sol d’espaces mutualisés est encouragée sur une zone déjà imperméabilisée telle qu’une zone de stockage, chargement, stationnement. En zone non-imperméabilisée, la construction se surrélève à la manière des cabanes tchanquées, garantissant des espaces de pleine terre ne faisant pas obstacles à l’eau. Sur la Garonne elle devient une construction flottante accueillant espaces éphémères et évènements. La logique constructive répond au paysage environnant et s’adapte aux risque d’innondation et participe à la dépollution de l’espace terrestre en donnant la place aux arbres et aux espèces naturelles.
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mutualiser les espaces et services
Un constat : la gestion des déchêts à l’échelle de la petite parcelle individuelle est dificile ou inconfortable : plusieurs poubelles encombrantes reléguées à l'arrière ou devant la maison/immeuble, défigurant le jardin ou de vrais obstacles sur les trottoirs. Idem pour le stationnement auto, la demande est plus importante que l’offre. A l’échelle de l’îlot, chaque opération prévoit la création d’une surface Oïkos à disposition des programmes présents et répondant aux besoins mutualisés en terme de stationnement, tri de déchêts, stockage, click&collect, ateliers... Fini les espaces spécialisés dédiés à une seule fonction ; modulables, ils s’adaptent aux besoins réels de l’habitat et de l’industrie, partagent les frais et réduisent les coûts des matières et des transports, créent de l'empoi en maintenance, gestion et livraisons de colis à vélo.
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encourager les circuits courts
La proximité des différences, à travers l’espace réservé disponible, invite aux échanges par le partage du stockage puis la réutilisation de composants matériels similaires entre des habitants qui jettent du papier, une papeterie qui fabrique du papier, un tripostal qui utilise des cartons, des sociétés de BTP qui construisent avec du carton. Cette mise en relation des programmes permet d’aller vers une gestion raisonnée des ressources et du gaspillage par le biais d’un espace disponible à investir et pouvant accueillir un atelier de récupération de meubles par des designers, de matériaux et d’objets pour des artistes plasticiens ou de nourriture pour un restaurant ambulant de type foodtrucks. De la même façon qu’un restaurant est riche de sa proximité avec le Marché d’Intérêt National de Bordeaux Brienne, les clicks-&-collect font le lien entre les espaces de stockage et l’espace public. Au
coeur du dispositif, une piste cyclable offre une alternative aux flux incessants des camions de livraison. Les vélos prennent le relais et assure le retrait et la remise des colis sur la zone couvrant la métropole.
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l’espace mutualisé comme laboratoire
L’Oïkos n’est pas un territoire à contrôler mais un espace à investir, une matière vivante qui invite à la concertation des usagers de son environnement immédiat. Si une règle devait régir l’espace ce serait la transmission et le partage, créer du lien social, favoriser la solidarité plutôt que la compétivité, car l’espace public devient un laboratoire de recherche, d’essais et d’inventions disponible et accessible. Les entrepôts ne sont pas démolis mais deviennent des supports adaptés au développement de ces espaces qui bien que généreux, s’insèrent entre les bâtiments et peuvent être gérés en copropriété pour partager les coûts si présents sur plusieurs parcelles ou bien rachetées par la mairie concernant les places avec résidences d’artistes. La transmission de l’héritage industrielle et le partage des savoirs passe par la valorisation de l’artisanat local. L’émergence d’un label des créateurs locaux et la mise en place d’un festival sur l’échange, le recyclage et la récupération, permet de créer une véritable destination avec espaces dédiés à la visite et à l’information. Il est nécessaire de communiquer sur la logique interne de la société d’échanges mise en place dans le village, notamment à travers son front bâti côté Garonne.
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regarder vers le fleuve
La façade devient une véritable vitrine pour le site, grâce aux tours de stockage qui constituent d’efficaces supports de communication. S’érigeant vers le ciel, elles agissent comme un signal fort du site et affirment l’identité industrielle chère à la ville de Bègles. Le site est idéalement situé entre le pont François Mitterrand et le futur pont Jean Jacques Bosc qui désengorgera les voies sur la Garonne et permettra la restitution d’espaces verts. Dans ce sens, la couverture partielle au dessus des voies restitue des pistes cyclables et de l’espace public propice à l’alternative de transports de colis/déchêts en vélos et l’organisation d’évènements en rapport avec le recyclage. La mise en place d’espaces mutualisés flottants sur la Garonne permet de prévoir le développement futur du projet au delà du site et au fur et à mesure de ses phases de concrétisation.
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